----3.
Des déclinaisons pour mettre en jeu le corps,
l’espace, le temps, la relation
Chacune des consignes suivantes s’effectue,
dès la première séance et jusqu’au
bout du cycle, au coup par coup et non toutes ensembles.
L’ordre donné ici n’est pas à
respecter, les consignes peuvent être étalées
réparties sur plusieurs séances et
effectuées comme dans la première
configuration de travail ou dans d’autres
[4].
La mise en valeur des fondamentaux (le corps, l’espace,
le temps, la relation) dans la partie suivante de
l’exposé n’est pas arbitraire,
elle est véritablement ce qui guide, très
simplement les propositions pédagogiques.
Toutefois, si une dimension est plus importante
qu’une autre dans une consigne, les autres
dimensions peuvent aussi être en jeu.
|
Le
corps...
"...le
geste symbolise bien un mode de circulation.
...certains gestes permettent aux spectateurs
de mieux voir grâce à leur ampleur
ou grâce à leur vitesse..." |
On notera, qu’au-delà
de ce que l’enseignant anticipe des gestes
nécessaires à engager dans les activités,
ceux proposés par les élèves
sont la source principale de la démarche.
----- le corps
: « Nous reprenons, mais nous allons
faire comme Inès : lorsque la musique cesse,
vous faites les statues de ce que vous étiez
en train de faire. Votre position peut être
exagérée pour que le spectateur vous
comprenne. La musique reprend, vous circulez à
nouveau. Et ainsi de suite. »
----- le corps
: discussion sur les différents
modes de déplacement dans Paris : marche,
course, voiture, rollers, vélo, moto, train,
métro, sauts, marche des chiens, marche des
chats…« Chacun de vous se choisit un
mode de déplacement et le tient identique
et précis, tout le long de l’exercice,
vous tenez en statue lorsque la musique s’interrompt.»
-----
le corps : on note que le passage par la
« statue » va inaugurer des propositions
sur le rapport entre le corps et le temps
: ici mouvement-immobilisme ; mais par la suite
seront introduites à partir de cela des ruptures
de rythmes et ainsi la vitesse (ralenti, accéléré).
----- Le corps
: d’autre part dans ce projet l’idée
de statue a été très utilisée
pour symboliser les monuments parisiens.
-----
le corps : après avoir pris le temps
de s’observer en train de danser des "modes
de circulation" (privilégier alors la
configuration danseurs-spectateurs [4]), les élèves
sont invités à choisir les propositions
les plus adéquates et à exprimer les
raisons de leur choix.
Viendra probablement le fait que la consigne est
respectée, au sens où le geste
symbolise bien un mode de circulation.
D’autres élèves constateront
que certains gestes permettent aux spectateurs de
mieux voir grâce à leur ampleur ou
grâce à leur vitesse (le ralenti, par
exemple). Viennent alors les notions d’espace
et de temps. C’est
bien de là que repartiront de nouvelles consignes.
-----
Le corps et l’espace : « Vous
allez vous mettre « en groupe »,
prendre l’idée de chacun de vous et
chercher ensemble comment rendre le geste plus ample.
»
Selon l’avancée dans le cycle de danse,
la consigne peut être immédiatement
complétée par la dimension du temps,
où les gestes se succèdent les uns
aux autres ; et de relations où les élèves
décident qui prend en charge quelle partie
de la chorégraphie.
« Vous vous mettrez d’accord pour présenter
les six déplacements différents, en
faisant en sorte que chaque élève
danse. »
|
Le
temps
"D’autres
groupes font entrer les élèves
un par un dans le mouvement pendant que les
autres sont statiques à des places
réfléchies.
La question de la prise en compte du temps
apparaît." |
A ce stade, apparaissent des propositions
chorégraphiques très différentes.
Les uns travaillent en synchronisation les mêmes
mouvements et font se succéder les mouvements
proposés par chaque élève,
repris ainsi par tous. D’autres groupes font
entrer les élèves un par un dans le
mouvement pendant que les autres sont statiques
à des places réfléchies. La
question de la prise en compte du temps apparaît.
Elle sera alors une base pour relancer l’activité.
Nous invitons les élèves à
prendre les idées des autres groupes, en
les nommant au préalable. Peu à peu,
le vocabulaire s’enrichit en même temps
que la danse elle-même.
-----
Le temps : « En gardant les mouvements
qui sont ceux de votre groupe, vous allez enrichir
votre chorégraphie par le jeu de la répétition.
Vous répétez les choses trois fois.
A vous. »
Une consigne [V] très ouverte comme celle-ci
permet aux groupes d’être force de proposition.
Les uns vont répéter des synchronisations,
d’autres vont alterner des synchronisations
avec des interventions multiples sur un même
temps dans un espace nécessairement plus
large ; d’autres encore vont rajouter des
successions d’interventions personnelles…
La répétition va être celle
de l’ensemble de la partition, ou au contraire
de chaque geste.
-----
Le temps : en reprenant l’un des
gestes proposé par un groupe ou un enfant
(se rouler par terre, marcher en boitant, pédaler
avec les bras…), on travaille la vitesse.
Cela peut se produire, notamment par l’alternance
de musiques rapides et lentes (matériau
à prévoir).
Les élèves, comme n’importe
qui, suivent la vitesse impulsée par le tempo
de la musique. On ne les prévient pas de
cette donnée. Ils la constateront ensemble
lors de la discussion qui suivra l’exercice.
«
Reprenons la musique tous ensemble, avec les arrêts
et les pauses en statue. Cette fois-ci, vous allez
reprendre le geste de Ayoub, le faire très
précisément dans tout l’espace
de la salle, sans vous soucier des autres si ce
n’est en évitant tout contact. »
La discussion fait émerger cette sensation
de vitesse ou de ralenti. Il est alors important
de reprendre cet exercice en verbalisant la demande
concernant la vitesse afin que tous les élèves
s’approprient cette dimension.
« Reprenons le geste
de Charlène en l’exécutant rapidement
lorsque le tambourin (on peut taper dans les mains)
va vite, lentement lorsqu’il va lentement
et très très lentement lorsqu’il
va très très lentement. »
|
L'espace
L’entrée
dans la salle de danse est ainsi très
ritualisée par un regroupement très
calme au centre de la salle. |
----- l’espace
: Tout d’abord, les adultes doivent
être très respectueux de cette dimension,
par l’usage qu’ils en font eux-mêmes
pour installer les différents temps de travail.
On se souvient par exemple que l’entrée
dans la salle de danse est ainsi très ritualisée
par un regroupement très calme de "danseurs"
au centre de la salle.
Les consignes font peu à peu apparaître
cette dimension en introduisant des zones interdites
et des zones possibles, en en introduisant peu à
peu les termes «côté
cour»
(côté droit de la scène vu de
la salle) «côté jardin»,
«fond de scène» et «public».
----- l’espace
: « Vous vous mettez par deux. En
choisissant votre geste (mode de circulation), l’un
de vous est devant, l’autre le suit, dans
toute la salle, en passant entre les autres élèves.
»
La consigne suivante : « Vous faites la même
chose en changeant les rôles : le guide devient
celui qui suit. A chaque fois que la musique s’arrête
cela indique un nouveau changement de rôle.
»
Cette consigne permet d’étendre les
déplacements à l’ensemble de
la surface de la scène.
----- L’espace
: « Vous échangez vos deux
gestes : chacun fait le geste de l’autre.
Et en plus, vous êtes obligés de l’effectuer
en laissant l’ensemble de votre corps au sol.
» Les possibilités horizontales sont
ainsi introduites.
----- L’espace
: « Adam parlait de l’horloge,
à propos des trains qui doivent être
à l’heure, ou qui rendent les gens
pressés. A vous de faire l’horloge,
seul ou à deux ou trois. » La circularité
est ainsi introduite.
----- L’espace
: « Reprenez le geste de Myriam,
sans vous déplacer.» Vient alors la
verticalité.
----- L’espace
et la relation : « Deux par deux
vous faites ensemble les deux le geste de l’enfant
A. L’enfant B est placé en miroir.
»
----- La relation
et l’espace : « Chacun reprend
le geste de Mourad, en se déplaçant
dans toute la salle, loin de celui qu’il regarde
jusqu’à la fin de la musique. »
On notera, dans ce projet,
que nous n’avons pas utilisé d’objet.
Cela n’a pas manqué à ce projet
très riche, mais c’est une dimension
qu’il est bon de faire vivre aux élèves
pour introduire des contraintes nouvelles (chaises,
grands tissus….).