----III.
Configurations de travail :
----1.
Le grand groupe pour une implication individuelle
L’organisation en grand groupe,
énoncée en début d'exposé,
ne doit pas être la seule utilisée.
Elle est néanmoins un moment nécessaire
qui reviendra à chaque séance selon
des dosages différents, de moins en moins
au fur et à mesure que la chorégraphie
s’installe, mais parfois aussi comme moyen
de débloquer les corps, de retrouver une
dynamique, de faire des trouvailles, de s’abandonner
un peu. On comprend ici que le grand groupe est
de l’individuel.
Viendront donc deux autres formes sollicitées,
elles aussi, dans chaque séance, et ce dès
la première séance :
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----2. Configuration
« danseurs et spectateurs »
Les deux demi-groupes : une moitié
des élèves est en position de danse
pendant que l’autre moitié est spectatrice.
Cela permet aux élèves de mieux visualiser
ce qui se passe, s’organise, se crée,
se joue, ce qui ne répond pas à la
consigne et entraîne une dégradation
des possibilités ou au contraire permet d’ouvrir
de nouvelles pistes (à retenir pour plus
tard).
----3. Les petits groupes
La configuration en petits groupes
est idéale pour la création collective.
l'implication individuelle et les interactions coopératives.Avec
un temps de recherche et un temps de démonstration.
Ces groupes sont constitués de manière
stable pour tout le cycle de danse. Les changements
qui peuvent intervenir sont très occasionnels
et mesurés par l’enseignant et en réponse
à des déséquilibres intragroupes
ou intergroupes. Les déséquilibres
peuvent concerner les effectifs (deux élèves
qui partent dans une autre école et qui se
trouvent être du même groupe). Ils peuvent
concerner l’hétérogénéité
de l’investissement : Il est alors possible
d'ajouter un élève plus investi en
veillant à ne pas le gêner en lui demandant
de quitter le groupe qui lui plaisait ; il peut
au contraire être nécessaire de soustraire
un membre qui n’arrive pas à s’engager
au point de semer la zizanie. Le changer de groupe
lui permet alors de trouver à s'investir
avec d'autres élèves.
Ces groupes portent donc des noms.
Pour le projet « Paris », nous les avions
tout simplement numérotés. Chaque
élève savait ainsi que lorsque nous
lancions une consigne en demandant qu’elle
se produise « en groupe », cela signifiait
dans son groupe numéroté.
Les élèves comprennent, dès
la deuxième mobilisation de ces groupes,
qu’ils vont être en phase de
recherche, (ou plus tard en phase de perfectionnement
de leurs chorégraphies de groupe
; puis enfin en phase de répétition)
avant les phases de démonstration
à l’ensemble de la classe, qui interviennent
nécessairement dans les mêmes séances.
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L’ensemble des 54 élèves était
divisé en huit groupes qui avaient chacun
leur espace réservé pour ne pas empiéter
sur l’espace des autres groupes. Cela a exigé
d’amener progressivement les élèves
à considérer que leurs trouvailles
s’effectuaient dans un espace plus limité
que celui dont ils pourraient disposer sur scène.
Le travail sur l’espace s’est nourri
de cette situation de changements réguliers
d’espace.
De ces recherches en groupes naissent les principales
évolutions chorégraphiques. Les aides
portent sur le besoin de se regarder
discrètement pour ne plus avoir à
se parler, sur la précision des gestes, sur
la mémoire, sur la transmission des «
bonnes idées » qui font toutes apparaître
les dimensions fondamentales de la danse.
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L’impression
de chahut général, qui émane
de cette configuration en petits groupes, peut faire
peur à toute personne voyant cette activité
de loin. Cela peut entraîner des renoncements
chez certains enseignants. Pourtant, à y
regarder attentivement, cette configuration est
un bouillon de culture, un lieu de belle effervescence
créative et d’interactions très
positives, loin du regard trop protecteur et normatif
de l’enseignant.
Nous sommes toujours très émues par
cette dimension des cycles de danse. Pour cela,
nous nous asseyons toutes les deux, loin de tous
les groupes et nous observons toute la vie qui s’y
déroule. Nous notons quelques aspects que
nous trouvons très astucieux de la part des
élèves : aspects à ne pas négliger
dans les relances ultérieures. Nous discutons
tranquillement de la suite à donner dans
l’immédiat et à long terme.
En bref, nous prenons un recul salutaire, y compris
dans le cours de la séance.
Il arrive que des petits dysfonctionnements apparaissent.
Nous laissons avant tout les groupes tenter de les
résoudre, mais nous restions toujours vigilantes.
Cela peut concerner l’indiscipline ou l’apathie
provisoire d’un groupe.